Selon les comptes de la Sécurité Sociale (France)

Un rapport de l'OCDE se penche sur les effets du vieillissement de la population, masqués pendant un premier temps par l'entrée des femmes sur le marché du travail, ceux-ci vont poser des problèmes budgétaires insolubles en l'absence de mesures telles que le ralentissement et l'inversion de la tendance à la retraite anticipée, la possibilité du choix de son départ à la retraite. L'intention est d'encourager un départ à la retraite plus tardif pour mieux maîtriser l'évolution des taux d'activité.
L'avenir des régimes de retraite a alimenté les débats depuis plusieurs années et devient un dossier brûlant pour les instances gouvernementales et les partenaires sociaux. Les différents rapports reposent sur l'étude de scénarios à l'horizon 2030 ou 2040. Les conclusions font ressortir une réelle préoccupation sans apporter une connaissance de la situation la plus probable. Il existe une grande sensibilité de l'équilibre de long terme du système de retraite avec les différents scenarios d'évolutions démographiques et économiques.

 

  En fin d'année 2012, les comptes des régimes de retraite complémentaire (Arrco pour tous les salariés, Agirc pour les cadres) affichent de lourds déficits et épuisent rapidement leurs réserves. La crise explique pour l'essentiel cette dégradation rapide.
Si le rôle d'amortissement de l'évolution de la productivité sur le choc démographique (vieillissement de la population et allongement de la durée de vie à la retraite) est rarement intégré pour son impact sur la progression des revenus et donc des cotisations; cette seule considération serait insuffisante comme celle de l'allongement de la durée d'activité pour atténuer cette fois la hausse exigée des cotisations si l'on veut maintenir le niveau de vie relatif des retraités.
La création d'un fonds de réserves avec une alimentation conséquente devrait être aussi un facteur d'atténuation des besoins de financement mais la prévision d'engranger 1000MdFs d'ici à 2020 s'amenuise avec l'éclatement de la crise financière et la conjoncture politique.
Le problème de l'assiette des cotisations selon les régimes est également posé devant la diversification des modes de rémunérations non-contributives.
Le gonflement de la population active -les personnes qui travaillent ou recherchent un emploi- devait se contracter après 2006 et permettre une nouvelle donne en matière de politique économique. Une forte baisse du chômage est un passage obligé pour réunir des conditions sociales ouvertes pour une réforme des retraites.
La problématique à plus long terme trouve des réponses fréquentes pour faire converger le consensus vers un recul de l'âge de la retraite ou plus exactement de l'allongement de la durée des cotisations. Une analyse de l'assiette des cotisations finira un jour aussi de retenir l'attention pour éviter les fuites de rémunérations non contributives.
La contradiction de notre société est d'encourager les préretraites (en dehors du cas de contrepartie d'emploi-jeunes) devant la médiocrité de l'innovation pour développer l'emploi des salariés âgés (en 1998, le taux d'activité des hommes dans la tranche d'âge 55-59 ans était de 67% en France contre 84,5% en Suède).
Une confrontation critique se situe entre des préoccupations structurelles - l'avenir des retraites - et conjoncturelles - la lutte contre le chômage. Le financement des retraites se heurte ici au raccourcissement de la vie active en attendant une situation de retour au plein-emploi qui dégagerait des marges pour compenser partiellement la hausse des charges de retraite. Cependant la lutte pour le plein-emploi se heurtera aussi aux contraintes de qualification de la nouvelle économie du XXIème siècle: la croissance des dernières années montre que les créations d'emplois bénéficient aux salariés les plus qualifiés.
Les fonds de pension ne sont plus évoqués comme la solution miracle au choc démographique du système des retraites. Du fait de l'absence de réflexions critiques dans les milieux peu préoccupés de la finalité sociale de la retraite par répartition, une forme de discours est répandue pour argumenter dans le sens d'une présentation propre à l'économie de marché.
Par exemple, le développement de l'idée que les fonds de retraite par capitalisation sont indispensables pour améliorer les fonds propres des entreprises laisse perplexe sur l'orientation du débat.
En France, on a besoin de capital-risque (problème distinct) pour développer l'innovation et la logique de valorisation financière dans les PME (source de créations d'emploi) et non d'un besoin général de fonds propres dans les grandes entreprises qui rachètent leurs propres actions pour améliorer la rentabilité de ces fonds propres (demande des fonds de pension étrangers - conséquences: faiblesse de l'investissement et chômage) et préfèrent une part d'endettement.

 

Le taux d'épargne des ménages  baissait à 15,1% en fin d'année 2012 pour compenser la baisse du niveau de vie (chômage, hausse des impôts sur le revenu et le patrimoine, hausse des prix).

Le taux d'épargne des ménages français  en 2014 est  en reprise  (de près de 16% du revenu disponible brut ) et bien supérieur à celui des États-Unis (dont le taux d'épargne est faible, environ 3,7%) ; il n'y a pas insuffisance d'épargne en France mais des transferts d'allocations d'actifs insuffisants au détriment des placements risqués. 

Le taux d'épargne des ménages français  en 2022 est de 16.3% avec un taux d'épargne financier de 6.2%.

 

Les encours du livret A et du Livret de Développement Durable  et Solidaire (LDDS) atteignent un niveau de prés de 542 milliards d'euros en mai 2023 (400 milliards pour le seul livret A). Un relèvement des plafonds de ceux-ci est effectif depuis le 1er janvier 2013 (22.950 € pour le livret A et 12.000 €. pour le livret LDDS).

Devant les incertitudes économiques, les livrets défiscalisés constituent toujours un placement de base sécurisé malgré leur rendement réel négatif depuis 2015.

 

L'encours du Plan d'Epargne logement est au niveau record de 270 Md€ en 2022.

 

Les PEA présentaient un encours total de plus de 80 milliards d'euros (fin 2013); lancé en 1992, le PEA (Plan d'Épargne en Actions) confirme son succès, plus du quart (28,1%) des portefeuilles-titres des ménages s'y trouvait détenu, il bénéficie d'un régime fiscal privilégié (hors prélèvements sociaux) qui est modifié en 2002 et 2004 pour respecter l'engagement européen et voit un plafond réévalué en 2014 à 150.000€. 

Plus de 5 millions de Plan d'Epargne en Actions sont ouverts en 2022 avec un encours de plus de 100 Md€. (le PEA-PME a un encours de 2.4 Md€.)

  

Après les livrets d'épargne, l'assurance-vie est un placement privilégié des épargnants. Elle permet non seulement d'accumuler un patrimoine au cours de vie, mais également de le transmettre en succession dans des conditions fiscales avantageuses, inexistantes avec le livret A.

Il est pour le moins singulier que plus de 10 millions de contrats d'assurance-vie et de capitalisation ont un encours total (provisions mathématiques et provisions pour participations aux bénéfices) en juin 2023 de quelques 1911 milliards d'euros (dont seulement 25% de l'encours orienté sur les seules "unités de compte" des contrats multisupports).

On note cependant que l'assurance-vie est victime de l'engouement des ménages pour l'épargne de précaution ( livret A).

L'acceptation du risque progresse auprès des épargnants mais s'accompagne d'incitations des compagnies d'assurance pour limiter l'entrée des fonds en euros dont les taux réels (nets d'inflation)

deviennent conjoncturellement négatifs.

 

En outre le PEA comme le PEP (Plan d'Épargne Populaire créé en 1990) offrent la possibilité de sortir en rente, en franchise d'impôts (les PEP représentaient plus de 482MdF, fin juin 1999, leur fin de commercialisation est programmé en 2004 pour leur substituer le PERP - Plan d'Epargne Retraite Populaire).

Le PERP, produit d'épargne retraite individuel qui bloque l'épargne de son détendeur pendant, le plus souvent, de longues durées subit depuis son lancement un relatif insuccès.


L'épargne salariale mise en place dans le cadre du PEE (Plan d'Épargne d'Entreprise, encours de 162 milliards en fin 2022) est étendue par le Perco (Plan d'Épargne pour la Retraite Collectif)avec un encours de 25 Mds.

 

 

 

Le patrimoine net des ménages atteint 12 423 Md€ fin 2019 selon les chiffres de l'Insee.  En trente ans leur patrimoine s'est apprécié et a doublé. Les actifs financiers de 5781 Md€ représentent 41% des actifs totaux. 

 
Sous un autre aspect, les actifs gérés pour compte de tiers (gestion collective et gestion sous mandat), sur le marché français, atteignent fin 2007 un encours de prés de 2.450 milliards d'euros.

L'encours de la gestion globale d'actifs française s'établissait fin 2018  à 3.864 milliards d'euros (source AFG).


On voit qu'en renforçant les inégalités, l'introduction d'une forme d'épargne nouvelle (qui peut intéresser la diversification des gros patrimoines pour un avantage fiscal) n'est plus en mesure de répondre au choc démographique attendu car la collecte serait insuffisante d'ici l'échéance c'est à dire sans commune mesure avec le problème social à traiter (compte tenu du choix du couple rendement-risque): les conséquences de l'inégalité des générations face à la retraite.
Ceci justifie d'aménager le contrat social de la répartition pour répondre au problème trop prochain des retraites. La création d'un fonds de réserve (dont le niveau d'alimentation élevé est très dépendant des choix de type de placement) souligne le défi lancé à la capitalisation collective pour atténuer la hausse des cotisations: l'exigence d'un rendement du capital supérieur au taux de croissance de l'économie. Le Fonds de Réserve des Retraites (FRR) est en trop lente croissance et ses actifs s'élevaient à 31 milliards d'euros en juin 2007.

Fin décembre 2018, le montants des actifs du FRR  est de 32,6 milliards d'euros.


Cette orientation est à confronter au risque d'une situation où les fonds de pension des "baby-boomers" étrangers étaient vendeurs massifs d'actions depuis 2006, c'était la fin d'une longue bulle financière favorable à l'inflation des actifs financiers principalement liée aux valeurs de haute technologie de l'information et de la communication.
La pérennité de la croissance économique des États-Unis reposait sur le comportement du consommateur américain dans ce contexte. La hausse des cours de bourse était alimentée par des achats d'actions financés grâce au crédit. L'enrichissement virtuel - tant que les actifs ne sont pas cédés - conduit à soutenir les dépenses de consommation (effet richesse - les cours boursiers augmentent, les particuliers se sentent plus riches et consomment davantage, les résultats des entreprises s'améliorent, entraînant de fait la hausse des cours).
Il était déjà malheureusement possible de constater qu'en trois ans, la chute des cours de bourse aux États-Unis et l'accroissement de l'espérance de vie des retraités américains avaient contractés de 1000 milliards de dollars les actifs gérés des fonds de pensions américains (5100 Mds$ au 31 déc. 2002).
Avec un taux d'épargne du revenu disponible proche de zéro, les ménages américains risquent de réduire considérablement leur consommation dans les cas d'éclatement de bulles financières. L'envolée des prix de l'immobilier a dopé la croissance, en partie du moins, depuis 2001 grâce à l'effet richesse virtuel qui dope la consommation. En contractant des emprunts adossés à leurs biens immobiliers dans un contexte de taux d'intérêts bas, les américains ont profité de la situation pour consommer encore plus. Le risque du crédit concerne également l'ensemble des entreprises et particulièrement les sociétés de la nouvelle économie.

Les prévisions de récession économique en 2009 traduisaient une crise qui impactait les marchés financiers et l'environnement macro-économique tant qu'aux Etats-Unis qu'en Europe.